Au printemps, un chiffonnier me vend un sac rempli de photographies, presque incrédule que je sois prête à lui en offrir trente euros. De retour chez moi, je découvre que la majorité des images – ainsi que des lettres et de petits objets – appartiennent principalement à une seule femme, peut-être deux : des fragments d’une vie entière rassemblés dans un sac.
Ce projet constitue à la fois une audace et un pari.
Les images, minutieusement sélectionnées pour leur composition, leur taille ou les jeux de miroirs et contrastes qu’elles offrent avec les autres, sont imbriquées les unes dans les autres grâce à une découpe unique réalisée sur chacune d’elles. Elles sont ensuite fixées à l’aide de colle spécifique et renforcées en certains points par un pistolet à colle chaude.
L’œuvre n’est pas encore terminée. J’ai choisi de lui donner la forme d’un cône tronqué inversé, qui évoque à la fois une expansion ambitieuse vers le haut et une certaine légèreté éphémère.
L’imbrication d’images et de mots invite inévitablement à une réflexion sur les trajectoires de vie qui se trouvent représentées et racontées à travers cet assemblage.
Ces photographies d’inconnus, ces lettres et ces objets, loin d’être de simples vestiges, constituent une matière à réflexion. Elles interrogent notre lien à la mémoire collective et individuelle, ainsi que la façon dont les histoires oubliées peuvent être réinvesties, transfigurées.



